Sainte Mère,
aussi peu que ce qui suit,
Au milieu du
désert de tous ces jours,
Au milieu du
silence aigri des nuits
Pour vous
redire encore notre amour.
Des mots qui
seront maladroits et dans une langue si fruste qu’ils parleront bien mal de ce
qu’on a au fond du cœur d’amour et de pensées à Votre endroit…
Il y
faudrait des mots avec des ailes
Et des mots
sautillants tels des moineaux,
Et des mots
vifs comme des hirondelles,
Des mots
joyeux ou graves mais nouveaux.
Des mots qui
sous la plume emprunterait la douceur d’un duvet pour dire la tendresse et la
bonté; Votre bonté, Votre tendresse, mais où trouver ces mots, des mots qui
Vous diraient notre allégresse ?
Et puis
aussi des mots de certitude,
Des mots de
paix et des mots de confiance,
Comme la
plaine aux soirs de plénitude
Des beaux
étés, et des mots de patience,
De patience
à la fois si tranquille et sereine sous Vos yeux de miséricorde, Très Sainte
Reine,
Des mots qu’on
n’ait pas encor prononcé,
Flamme nouvelle
à la cire d’un cierge
D’éternité,
d’un cierge haut dressé,
Brûlant en
Votre honneur, Très Sainte Vierge.
[1]
Prosimètre : nom masc., texte faisant alterner parties en prose et parties
en vers. Cette forme hybride est née dans la poésie en latin. En a notamment
fait usage Boèce ( vers 480 – 524),
philosophe, poète et martyr chrétien dans son ouvrage La Consolation de Philosophie écrit dans sa prison de Pavie en
attendant sa mise à mort.