mardi 19 février 2019

Ce peu de mots...





Sainte Mère, aussi peu que ce qui suit,
Au milieu du désert de tous ces jours,
Au milieu du silence aigri des nuits
Pour vous redire encore notre amour.

Des mots qui seront maladroits et dans une langue si fruste qu’ils parleront bien mal de ce qu’on a au fond du cœur d’amour et de pensées à Votre endroit…

Il y faudrait des mots avec des ailes
Et des mots sautillants tels des moineaux,
Et des mots vifs comme des hirondelles,
Des mots joyeux ou graves mais nouveaux.

Des mots qui sous la plume emprunterait la douceur d’un duvet pour dire la tendresse et la bonté; Votre bonté, Votre tendresse, mais où trouver ces mots, des mots qui Vous diraient notre allégresse ?

Et puis aussi des mots de certitude,
Des mots de paix et des mots de confiance,
Comme la plaine aux soirs de plénitude
Des beaux étés, et des mots de patience,

De patience à la fois si tranquille et sereine sous Vos yeux de miséricorde, Très Sainte Reine,

Des mots qu’on n’ait pas encor prononcé,
Flamme nouvelle à la cire d’un cierge
D’éternité, d’un cierge haut dressé,
Brûlant en Votre honneur, Très Sainte Vierge.

                               ***                                                                       Ce texte, un prosimètre[1], a été écrit à la mémoire de Mère Marie-Emmanuelle, Prieure dominicaine récemment décédée. Daignez prier pour elle.


[1] Prosimètre : nom masc., texte faisant alterner parties en prose et parties en vers. Cette forme hybride est née dans la poésie en latin. En a notamment fait usage Boèce ( vers 480 – 524), philosophe, poète et martyr chrétien dans son ouvrage La Consolation de Philosophie écrit dans sa prison de Pavie en attendant sa mise à mort.