jeudi 26 mars 2015

Au Chemin de Pâques.






Prenez le jour qui vient, qui vient et qui s’en va,
Penserez-vous à Qui mourût et vous sauva ?

L’heure vaut-elle mieux qu’un petit grain de sable
Qui ne vous laisse rien et fuit entre vos doigts ?
L’esprit n’est qu’un boiteux, la chair est périssable ;
Commère et vous compère, avez-vous le cœur droit ?

Prenez le jour qui vient, qui vient et qui s’en va,
Penserez-vous à Qui mourût et vous sauva ?


Long chemin, il est vrai, d’ici jusqu’à l’église ;
Marchez, marchez, il faut aller là-bas
Où des choses se font, où des choses se disent
Qui méritent, mon fils, qu’on allonge le pas.

Prenez le jour qui vient, qui vient et qui s’en va,
Penserez-vous à Qui mourût et vous sauva ?

Avril est un mois froid, voici la nuit qui tombe,
Comment arriverais-je où je n’arrive pas ?
Marchez, marchez toujours car marcher vous incombe,
Pour ce qu’Il fît pour vous faites encore un pas.

Prenez le jour qui vient, qui vient et qui s’en va,
Penserez-vous à Qui mourût et vous sauva ?

Un pas au nom du Christ, pour l’amour de Marie
Qui vous Le mît au monde et pour vous Le perdît,
Un pas de plus afin que l’aube vous sourie,
L’aube qui va chasser l’ombre du vendredi.

Prenez le jour qui vient, qui vient et qui s’en va,
Penserez-vous à Qui mourût et vous sauva ?

                            ***



mercredi 25 mars 2015

La Complainte Anonyme.






Du temps que passons ici-bas,
Mon cœur, qu’avons-nous fait qui vaille ?
Nos jours se rendent sans combat,
La trame s’en perd maille à maille,
La main nous défaut en tremblant,
Voilà que le poil nous grisonne,
On nous voit marcher à pas lent
Et même notre cœur raisonne.
L’esprit et le corps sont faillis,
Il ne nous ne reste plus qu’une âme,
Si quelques feux en ont sailli,
Ils brillent de petite flamme,
Ils apportent peu de chaleur
Dans cet hiver qui nous réclame,
S’il faut en juger la valeur
C’est celle d’un tronçon de lame,
D’un pichet de terre ébréché,
D’une chapelle sans verrières,
D’un pauvre champ déjà fauché,
D’une chandelle sans lumière.
Si sommes au pire voué
Où vont gens de sac et de corde,
Cil[1] qui pour nous fut encloué
Nous doint[2] pourtant miséricorde,
Nous qui, marris, l’en requérons,
Au nom de la Vierge Marie
Qu’avons prié et prierons
Sans faute ne trigauderie[3].


[1] Cil : Celui.
[2] Doint : donne.
[3] Trigauderie : action de trigaud : personnage brouillon, barguigneur, qui n’agit point franchement (Dictionnaire de Furetière).



mercredi 18 mars 2015

A celui que la colère prend...





Que les assauts du monde autour de toi
N’éveillent point le feu de ta colère.
Son conseil n’est jamais de bon aloi,
Tu vas te nuire et tu vas Me déplaire.

Crois-tu que ton Seigneur n’entende pas
La plainte ou qu’Il ignore l’innocence ?
C’est Lui qui venge et Lui qui récompense.
Ignore le démon et ses appâts.

L’homme n’est pas bon juge et sa violence
Réjouit le diable et le perd devant Dieu
Mais la douceur et la bénévolence
Sont des chemins qui conduisent aux cieux.

Écoute-moi. Ne suis-Je pas ta Mère,
Celle qui t’aime et qui veille sur toi ?
Ton cœur est lourd et ton âme est amère ;
Écoute Ma parole, attends et vois.


                     ***


mercredi 4 mars 2015

La Chapelle.






Un clocheton en dents de peigne
Sur un mur d’ocre ensoleillé,
Le silence et la chaleur règne,
Midi vibre sur le sentier.

Les pins figés dans la lumière
Mêlent un parfum résineux
A l’odeur sèche de la pierre
Sous un ciel bleu vertigineux.

Une porte ouverte sur l’ombre
Fraiche où vacille une lueur
Rougeâtre dans un coin plus sombre
Et la présence du Seigneur,

Dans cette étroite nef, personne ;
Un ange au fond du chœur sculpté
Entend une cloche qui sonne :
Elle annonce l’éternité.

               ***