samedi 20 avril 2019

Pâques.




I.

«- Frère, dis-moi, comment cela s’est-il passé ?
J’étais à Tibériade avec les quatre mille
Qu’Il enseigna trois jours et nourrit plus qu’assez
Avec sept pains et de petits poissons graciles,
Et j’étais là quand Il guérit le possédé ;
Il nous illuminait, Il faisait des merveilles
Et l’on dit qu’Il est mort, impuissant, dénudé,
Crucifié sur le bois des hontes sans pareilles ?! »

« - Mon frère, c’est ainsi, je L’ai vu s’en aller
Entouré de soudards, houspillé par la foule,
Sans dire une parole et j’étais désolé
En songeant en mon cœur à tout ce qui s’écroule,
A l’espoir que Ses mots faisaient lever en nous ;
Quand on l’a mis en croix Il n’a pas fait un geste.
Lui dont nous étions sûrs qu’Il pouvait vraiment tout,
On s’en moquait, chacun avait la langue leste
Mais Il ne disait rien. Alors je suis parti
Et j’étais malheureux et j’étais en colère
Parce que, comme toi, convaincu, converti,
J’avais suivi cet homme et cru... pour rien, mon frère. »

Ainsi parlaient entre eux, au soir du Vendredi,
Aaron le menuisier, Dan le potier habile
Qui contemplaient la nuit, affligés, interdits,
Et se sentaient tous deux orphelins dans leur ville.
Déception et chagrin pesaient lourd sur leur cœur
Et ces croyants pleuraient dans la nuit de leur âme
Cette « Bonne Nouvelle », invention d’un pasteur
Impuissant et muet, mort d’une mort infâme.

II.

Le samedi passa, nous rêvions d’oublier
La foi, l’enseignement et les mois inutiles,
Dan le potier habile, Aaron le menuisier,
Avec eux, moi, Yaacov, le pauvre à la sébile
Et dans Jérusalem tous ceux qui L’avaient cru.
Le samedi passa, la nuit couvrit la terre
Partout, d’un calme obscur, d’un silence têtu,
D’un sommeil aussi lourd que celui de la pierre.
Quand l’aube se leva le monde avait changé.
Moi, Yaacov, le mendiant, j’appris cette nouvelle
D’un homme de Juda, pas plus qu’un étranger,
En allant au marché pour tendre ma coupelle :
Il l’affirmait, le Maître était ressuscité !
C’était le ciel sur terre et j’ai pleuré de joie
De voir le monde neuf et de ne plus douter !
Je voulais qu’avec moi tout le marché le croie,
Que chacun se réjouisse et se mette à chanter !
La crainte de la mort qui pesait sur nos âmes
Dieu ne venait-il pas soudain de nous l’ôter
Et la miséricorde avait chassé le blâme....

III.

De ce jour où Jésus, le Christ, ressuscita
Vous savez que la mort n’anéantit nul homme
Et que l’amour de Dieu, ce jour, vous racheta
Quoique de vos péchés Il connût bien la somme
Aussi réjouissez-vous et louez le Seigneur !
Si vous tombez encor, vous ferez pénitence
Et vous relèverez ayant au fond du cœur
Ce jour du témoignage et de la délivrance.

                               ***

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