I.
«- Frère,
dis-moi, comment cela s’est-il passé ?
J’étais à Tibériade avec les quatre mille
Qu’Il
enseigna trois jours et nourrit plus qu’assez
Avec sept
pains et de petits poissons graciles,
Et j’étais
là quand Il guérit le possédé ;
Il nous
illuminait, Il faisait des merveilles
Et l’on dit
qu’Il est mort, impuissant, dénudé,
Crucifié sur
le bois des hontes sans pareilles ?! »
« - Mon
frère, c’est ainsi, je L’ai vu s’en aller
Entouré de soudards,
houspillé par la foule,
Sans dire
une parole et j’étais désolé
En songeant
en mon cœur à tout ce qui s’écroule,
A l’espoir
que Ses mots faisaient lever en nous ;
Quand on l’a
mis en croix Il n’a pas fait un geste.
Lui dont
nous étions sûrs qu’Il pouvait vraiment tout,
On s’en
moquait, chacun avait la langue leste
Mais Il ne
disait rien. Alors je suis parti
Et j’étais
malheureux et j’étais en colère
Parce que,
comme toi, convaincu, converti,
J’avais
suivi cet homme et cru... pour rien, mon frère. »
Ainsi
parlaient entre eux, au soir du Vendredi,
Aaron le menuisier,
Dan le potier habile
Qui
contemplaient la nuit, affligés, interdits,
Et se
sentaient tous deux orphelins dans leur ville.
Déception et
chagrin pesaient lourd sur leur cœur
Et ces
croyants pleuraient dans la nuit de leur âme
Cette « Bonne
Nouvelle », invention d’un pasteur
Impuissant
et muet, mort d’une mort infâme.
II.
Le samedi passa,
nous rêvions d’oublier
La foi, l’enseignement
et les mois inutiles,
Dan le
potier habile, Aaron le menuisier,
Avec eux,
moi, Yaacov, le pauvre à la sébile
Et dans
Jérusalem tous ceux qui L’avaient cru.
Le samedi
passa, la nuit couvrit la terre
Partout, d’un
calme obscur, d’un silence têtu,
D’un sommeil
aussi lourd que celui de la pierre.
Quand l’aube
se leva le monde avait changé.
Moi, Yaacov,
le mendiant, j’appris cette nouvelle
D’un homme
de Juda, pas plus qu’un étranger,
En allant au
marché pour tendre ma coupelle :
Il l’affirmait,
le Maître était ressuscité !
C’était le
ciel sur terre et j’ai pleuré de joie
De voir le
monde neuf et de ne plus douter !
Je voulais
qu’avec moi tout le marché le croie,
Que chacun
se réjouisse et se mette à chanter !
La crainte
de la mort qui pesait sur nos âmes
Dieu ne
venait-il pas soudain de nous l’ôter
Et la
miséricorde avait chassé le blâme....
III.
De ce jour
où Jésus, le Christ, ressuscita
Vous savez
que la mort n’anéantit nul homme
Et que l’amour
de Dieu, ce jour, vous racheta
Quoique de
vos péchés Il connût bien la somme
Aussi
réjouissez-vous et louez le Seigneur !
Si vous
tombez encor, vous ferez pénitence
Et vous
relèverez ayant au fond du cœur
Ce jour du
témoignage et de la délivrance.
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